11 d’oct. 2009

Ledesma, «chef de bande» du polar espagnol

Jean-Marc Le Scouarnec
Festival. Jusqu'à ce soir à Toulouse Basso-Cambo.

En Espagne, on l'appelle «le chef de la bande». Un patronyme qui ne plait pas spécialement à Francisco Gonzalez Ledesma, 82 ans, Barcelonais pur jus et auteur de nombreux grands livres, polars et fresques historiques réunis. Ce week-end, l'auteur des « Rues de Barcelone » et de « Los Napoleones » participe au 1er festival Polars du Sud, au Forum de la Renaissance à Toulouse.
Entre deux signatures, cet homme petit et trapu, souriant et volubile, répond avec enthousiasme à quelques questions, lui qui restera indéfiniment attaché à « La Dépêche », « seul journal qui défendait la République, dans mon pays, en 1936 ».

Vous avez exercé de nombreux métiers avant d'être publié…
Je suis né dans un quartier très pauvre de Barcelone, près du Barrio Chino. J'ai découvert le monde criminel quand je suis devenu avocat. C'était un travail très difficile sous le franquisme : il n'y avait pas de véritables lois, juste les caprices des tribunaux. J'ai été défenseur dans des procès politiques ; j'étais désespéré, je n'avais aucune garantie. Et puis, j'ai défendu des riches. Je gagnais beaucoup d'argent mais je perdais mon âme. J'ai décidé d'arrêter.

Au bout de 20 ans, vous devenez journaliste à « La Vanguardia ».
J'ai écrit sur à peu près tous les sujets, y compris les faits divers avant de devenir rédacteur en chef. J'ai connu beaucoup de policiers de quartiers populaires et ce sont eux qui m'ont inspiré le personnage de Mendez, flic incorruptible qui restera toute sa vie un modeste inspecteur méprisé par ses supérieurs.

Le polar a-t-il été un moyen pour vous de parler de l'envers du décor sous le franquisme.
J'écris depuis l'âge de 17 ans mais je n'ai longtemps publié que des romans de gare sous pseudonyme. Pour le reste j'étais un auteur interdit dans un pays où le polar n'existait pas puisqu'officiellement, il n'y avait pas de crimes. A l'époque, on me considérait comme un « Rouge, catalaniste et pornographe » ! Ensuite, j'ai enfin pu m'exprimer, évoquer la Barcelone authentique, populaire, qui fait contrepoids face à une bourgeoisie très puissante.

Festival des littératures policières, jusqu'à ce soir au Forum de la Renaissance, métro Basso-Cambo. Tables rondes à 14h30 (polar français et histoire) et 16 heures (Montalban). Auteurs et signatures.

La Dépêche, 11 d'octobre 2009