24 d’abr. 2014

Des morts bien pires de Francisco González Ledesma

Sandrine


La toute fin du dernier roman de Francisco González Ledesma donne au lecteur l’envie de crier. Certes, il existe des morts bien pires, mais enfin… certains se devraient d’être immortels.


Une ville en mutation


Où l’on retrouve Ricardo Méndez, « vieux policier de quartier », toujours râleur et aussi peu au goût de ses collègues et de sa hiérarchie. Mais Mendez s’en fiche, il aime la solitude et les rues de Barcelone qu’il connait comme sa poche. Quoique. Les quartiers populaires ont changé ces dernières années et l’immigration aidant, ils se remplissent d’étrangers qui ne sont pas dans le ton.

La crise est aussi passée par là, elle s’incruste même durablement.
Des mendiants qui transportaient toutes leurs possessions dans un hariot volé au supermarché. Des groupes de chômeurs ou de retraités qui avaient élu domicile devant un bar. Méndez songea aux chiffres du chômage et il se dit, avec inquiétude, que si les choses continuaient ainsi le pays devrait mettre la clé sous la porte, même si l’Espagne a été de tout temps un pays de morts qui ressuscitent et qui, en plus, font bonne figure.

Un monde meilleur...


La misère fait aussi fuir les femmes des pays de l’Est auxquelles on fait miroiter l’existence d’une vie meilleure. Elles tombent ainsi entre les mains d’organisations sans scrupules qui les exploitent. Seules, sans ressources ni moyens de s’exprimer, celles qu’on fait ainsi venir à l’Ouest ont le malheur d’être jeunes et belles.

Des morts bien pires s’ouvre sur une jeune femme qui court dans les rues de Barcelone : elle s’est échappée et cherche à semer son poursuivant qui n’est rien moins que le tueur chargé de l’éliminer. Elle trouve refuge dans un vieil immeuble en voie de destruction où vivent encore un homme et sa fille. Lui est absent, c’est la gamine qui ouvre la porte à la jeune femme en fuite. Et à son meurtrier. Il les tue toutes les deux et disparaît.

A défaut de mieux, Méndez est chargé de l’affaire. Enfin disons qu’il s’en charge officieusement. Parce qu’à côté de l’immeuble des crimes vit une presque amie, ancienne prostituée. Parce qu’elle, la Patri, a recueilli une jeune étrangère perdue qui lui tient lieu désormais de fille. Elle s’appelle Eva Ostrova, elle était l’amie de l’autre étrangère retrouvée morte. Heureuse coïncidence.

Francisco González Ledesma s’autorise d’autres raccourcis faciles dont le lecteur ne s’offusque pas tant l’intérêt est ailleurs. Dans les rues par exemple, ces rues que Méndez parcourt à pied inlassablement, ces rues qui vivent, qui changent, ces rues dangereuses. Il décrit une Espagne en crise, un pays que ce vieux de la vieille ne reconnaît plus.
Le vieux monde du plumard barcelonais, dans lequel les femmes et les clients avaient une relation quasiment familiale, s’était agrandi et internationalisé, à savoir qu’il était devenu bien plus cruel. Il s’était transformé en une industrie qui rapportait presque plus d’argent que la drogue, et, face à cette industrie, Méndez se sentait pour la première fois tout petit.

Un justicier dans la ville


Dépassé Méndez, fatigué de vivre dans une société qui n’est plus la sienne. Voilà longtemps qu’il fonctionne avec ses propres codes, ce qui lui a valu d’être mis au ban de la police, relégué à des affaires mineures. Il sait que la justice n’est pas juste, c’est pourquoi il pratique la sienne, celle qui l’a rendu proche des prostituées, des marginaux dont il s’est toujours senti proche. Mais avec les nouvelles mafias internationales, il n’est plus de taille le justicier.

C’est une Barcelone sordide, malsaine, vouée à l’argent et ayant perdu toute dimension humaine que Francisco González Ledesma met en scène à travers l’un des pires vices de l’humanité : la traite des Blanches. La plume est sans concession, mais aussi nostalgique. Des morts bien pires se présente au final comme le portrait d’une ville qui a changé et d’un homme qui n’y trouve plus sa place.

Cette édition compte malheureusement un nombre important de coquilles, au moins une dizaine.

Tête de lecture, 24 avril 2014

9 d’abr. 2014

Peores maneras de morir - Francisco González Ledesma (2013)

Coberta del llibre

Título: Peores maneras de morir
Título Original: (Peores maneras de morir, 2013)
Autor: Francisco González Ledesma
Editorial: Planeta
Colección: Autores Españoles e Iberoamericanos

Copyright:
© Francisco González Ledesma, 2013
© Editorial Planeta, S.A.,2013
Edición: 1ª Edición, Enero 2013
ISBN: 9788408034919
Tapa: Blanda
Etiquetas: España, Barcelona, mafia, crítica social, género negro, trata de blancas, policiaca, intriga, literatura española, novela, prostitución, suspense
Nº de páginas: 375


Argumento:

El inspector Méndez se enfrenta a su último caso, destapando gracias a su intuición el entramado de una sociedad que se dedica al tráfico de mujeres de origen eslavo, cuyo destino es la prostitución y en el que están implicados varios personajes que por su posición social no lo aparentan.

El asesinato de dos mujeres en el barrio del Raval de Barcelona conduce a la policía a una pista falsa, pero buen conocedor del barrio donde se crió y de sus gentes va uniendo los hilos que darán sentido a sus investigaciones.

Nuevos asesinatos cometidos de diferentes maneras no despistarán al viejo inspector que sabrá identificar a los autores de los crímenes y los motivos que hay detrás de cada uno de ellos, colaborando e implicándose en la trama y en contra de sus mandos superiores.

Opinión:

Conocer a los habitantes de una barriada desde hace tiempo y haber convivido con ellos, sean chulos, carteristas o prostitutas, es un handicap para quien necesita saber de costumbres y escondites. Aunque también es una labor que conlleva compromiso, porque si encierras a alguien en prisión te debes a él asumiendo sus obligaciones: de esta manera el inspector Méndez sigue llevando flores a la tumba de quien recibió su bala perdida o cuidando los perros y periquitos de un dueño encarcelado.

Así consigue el respeto de quienes están al otro lado, cada uno sabe a qué se dedica el otro y mañana te puedo detener o echarte un cable en lo que necesites. La ley no escrita de la calle que a él le funciona y le permite llegar a donde sus superiores y compañeros no se atreven a acercarse.

Si los asesinatos cometidos al principio de la novela destacan por su brutalidad, nuevas muertes confirmarán la sospecha de nuestro protagonista y el entramado dedicado al tráfico de mujeres se irá deshaciendo al tiempo que conocemos que la muerte puede llegar por un acto premeditado o fruto de la casualidad, pero que siempre está a la vuelta de la esquina y que se puede presentar de la forma más bestial o más dulce.

El autor sabe mantener en vilo al lector pues nadie sabe cuál será el próximo paso ni cuándo sucederá, sólo sabe que va a ocurrir pero no se puede imaginar cuál será en esta ocasión la manera de morir elegida por el asesino y si ésta será peor que la anterior.

Bourbon Street, 9 de abril de 2014